Le décret 3R et le regain d’intérêt pour les emballages à base de cellulose

emballages à base de cellulose

Le « décret 3R » vient de passer sa phase de consultation publique. Il fixe des objectifs de réduction, réemploi, recyclage des emballages plastique à usage unique. Beaucoup d’industriels utilisateurs d’emballages lisent une incitation au passage aux matériaux à base de cellulose à travers la mise en place de ce « décret 3R ».

Le CTCPA est très sollicité pour accompagner les entreprises pour la substitution de gammes produits vers les emballages à base de cellulose dont notamment les emballages papiers cartons. Nous avons souhaité lister dans cet article les alertes et points clefs qui sous-tendent cette démarche.

  • L’incertitude réglementaire concernant la définition de l’emballage plastique.

C’est clairement le point qui suscite le plus de débats ; où se situe la limite entre un emballage carton et un emballage plastique (?), quand on sait que beaucoup d’emballages présentent une composition mixte. Les papiers cartons associent souvent des couches plastique colaminées ou complexées, apportant des fonctions barrière à l’eau ou à l’oxygène ; les papiers cartons apportent aux emballages plastique souples des fonctions mécaniques de rigidité ; on ne doit pas occulter également les démarches d’association des deux matériaux qui visent à « verdir » l’image des plastiques souples, sans nécessité d’un apport fonctionnel. La directive 2019/904 définit comme « plastique » un matériau constitué d’un « polymère tel que défini à l’article 3 point 5 du règlement 1907/2006, auquel des additifs ou d’autres substances peuvent avoir été ajoutés, et qui peut jouer le rôle de composant structurel principal de produits finaux, à l’exception des polymères naturels qui n’ont pas été modifiés ».  Le statut des plastiques dans les papiers cartons tient alors de l’interprétation du « rôle de composant structurel » évoqué dans le règlement. Si le rôle « structurel » touche uniquement à la fonction mécanique, les papiers cartons complexés ou colaminés plastiques ne sont pas des plastiques ; mais si le rôle « structurel » touche par exemple aux fonctions barrières, alors ce sont des plastiques. Si l’on se reporte aux objectifs relevés au niveau européen comme au niveau national qui nous indiquent la démarche globale ne consiste pas à réduire en quantité mais en fréquence l’usage des plastiques, il est probable que la seconde interprétation l’emportera.

  • Envisager des emballages papiers cartons non associés à des couches plastique nous amène à aborder la question de l’alimentarité.

L’usage des emballages papiers cartons au contact de denrées alimentaires autres que les aliments secs induits des interactions plus importantes dès lors que l’on parle de produits humides ou gras. Pour satisfaire le cahier des charges fonctionnel de ces denrées, les papiers doivent être fonctionnalisés via des solutions techniques, (i) soit empruntées à l’univers des emballages plastique, (ii) soit par des fonctionnalisations spécifiques. Si les exigences réglementaires sont harmonisées pour les matières plastique au niveau européen avec des règles claires, même si elles peuvent faire débat, les papiers et cartons souffrent d’un manque d’harmonisation dans les critères de compositions ou d’évaluation des transferts. Aussi, les potentielles divergences nationales au sein des états membres (France, Allemagne , …) seront sans nul doute une composante complexe à intégrer pour gérer une « conformité ».  . Par ailleurs, les exigences réglementaires dans le domaine environnemental vont amener le développement de matériaux papiers cartons présentant des propriétés barrières ou de scellabilité apportées par des traitements de couches polymères d’enduction. Il  faudra alors savoir classer ces fonctionnalités au sens réglementaire pour gérer les risques et les conformités associés.  Le cadre réglementaire de ces nouveaux matériaux, les connaissances sur leurs propriétés d’interactions contenant contenu et les risques associés, la compatibilité de ces nouveaux traitements avec les processus de recyclage papetier, sont autant de questions qu’il semble urgent de traiter pour que ces nouveaux matériaux apportent les réponses attendues, de plus-value environnementale et de maîtrise du risque chimique.

  • Les nouveaux matériaux.

 Les papiers cartons ne sont pas les seuls matériaux « cellulosiques » qui suscitent un fort regain d’intérêt ; depuis 2 ans les barquettes en bambou et autres emballages bois voient leurs usages se développer assez largement aux côtés des « films de cellulose » et des barquettes en cellulose moulée. Si ces différents matériaux peuvent présenter l’intérêt de l’utilisation de ressources renouvelables, attention, leur fin de vie est rarement compatible avec la filière de recyclage des « papiers cartons » qui nécessitent la structure fibre de la cellulose (perdue dans les films cellulosiques), son caractère très divisé et les propriétés d’autoassociation qui ne sont pas retrouvées dans des matériaux certes à base de fibres, mais dont la cohésion est apportée par l’addition de liants. Ces liants sont d’ailleurs sujets à débat quant à bonne la maîtrise de l’alimentarité de certaines barquettes formées sur la base d’un procédé de pressage d’un mélange entre matière végétale et résines. En bref, seuls certains nouveaux matériaux tels que la cellulose moulée sont compatibles avec les filières de recyclage existantes ; pour les autres, les valorisations en fin de vie se mettront peut être progressivement en place ; c’est notamment le cas des emballages « bois » , de composition simple, pour lesquels la question est sérieusement envisagée.

  • La bonne question d’une innovation ciblant la réduction raisonnée de la durée de vie des produits alimentaires.

Soyons clairs, les emballages alternatifs à base de cellulose ne présentent pas les performances notamment barrière des autres types d’emballages, et c’est également le cas des la majorité des références papiers cartons du marché qui sont envisagés aujourd’hui en substitution des emballages plastique à usage unique. Cette question de la substitution peut alors être posée de deux façons différentes : (i) peut on trouver une référence présentant des caractéristiques fonctionnelles analogues aux emballages plastique actuellement utilisés ? Cette approche amène nécessairement à fonctionnaliser les papiers cartons en empruntant des voies technologiques qui n’iront pas toujours dans le sens de la réduction des impacts environnementaux ; (ii) peut on réviser le cahier des charges emballages afin de le rendre compatible avec les caractéristiques de papiers cartons présentant des propriétés basiques mais peut être acceptables ? Cette approche nécessite généralement de réviser vers le bas les durées de vie des produits emballés. Non accompagnée, la démarche peut amener à l’augmentation des taux de gaspillage du produit, mais d’autres voies d’optimisation du cycle global et d’éducation du consommateur peuvent aboutir à la sélection d’emballages moins performants du point de vue fonctionnel, mais contribuant tout de même à l’amélioration de l’empreinte environnementale du produit emballé.


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