Le « décret 3R » et la position des bioplastiques

bioplastiques

Le « décret 3R » vient de passer sa phase de consultation publique. Il fixe des objectifs de réduction, réemploi, recyclage des emballages plastique à usage unique.

Dans ce contexte comment se situent les « bioplastiques » ? 

Quelques définitions d’abord, la notion de « bioplastique » fait appel à l’une ou l’autre des caractéristiques suivantes : ils sont soit
« biosourcés » (issus de composants d’origine renouvelable), soit  « biodégradables », soit présentent les deux caractéristiques.

Ces matériaux suscitent un fort intérêt, alors pourquoi le décret 3R n’aborde pas la question spécifique de ces matériaux ?

  • Une première réponse consiste à remarquer que ce sont des plastiques comme les autres !

En effet, la définition Européenne du « plastique » inclut la très grande majorité des matériaux (de synthèse) qui sont utilisés dans la formulation des matières du marché. L’argument d’une plus-value environnementale de ces matières n’est pas non plus démontrée (malheureusement car c’est le serpent qui se mord la queue !) faute d’un développement suffisant (effets d’échelle sur la recyclabilité, sur les impacts environnementaux des différentes étapes de l’itinéraire technologique), d’une maturité suffisante (le recul technologique sur ces matières date de 20 ans vs 70 ans pour les plastiques d’origine pétrochimique), et les outils d’analyse de cycle de vie ne prennent pas en compte des propriétés clefs qui sont apportées par les plastiques biodégradables (cf pollutions microplastiques) ; en bref, dans les conditions actuelles de développement, connaissances, et outils d’évaluation, il n’a pas été jugé pertinent de classer les bioplastiques  (les biodégradables comme les biosourcés) « à part ». Comme pour les autres matériaux plastique, ils sont donc concernés par l’objectif de réduction des emballages plastique à usage unique.

  • Second élément, le « décret 3R » va à l’essentiel :

Le volume du marché des bioplastiques est extrêmement faible ; le texte (i) cible la très grande majorité des emballages plastique, sans aborder le cas très particulier des bioplastiques (ii) définit un cap de 100% d’emballages plastique à usage unique recyclables pour 2025; la feuille de route est extrêmement serrée et il n’est pas certain que les barrières techniques et économiques seront levées à cette date pour un développement effectif des principales filières de recyclage ; dans ces conditions il est clair que les recycleurs vont mettre une priorité au développement dans les 5 prochaines années des filières de recyclage des matériaux traditionnels, et que les bioplastiques ne font pas partie de ces derniers.

  • Troisième élément, la loi AGEC a tout de même prévu un rapport sur les bioplastiques

Il devrait être disponible ce début d’année ; c’est à l’issue de ce rapport que des éléments plus précis seront apportés notamment quant aux situations d’usage spécifiques qui pourraient amener à encourager l’usage de plastiques biodégradables (a priori dans des cas très ponctuels, notamment les situations d’usage encourageant le tri des déchets végétaux compostables)

  • Enfin, si le « décret 3R » n’encourage pas l’usage des bioplastiques, il ne leur place aucune barrière spécifique :

Lors d’une journée sur la fin de vie des matériaux biosourcés (pôle IAR, 19 janvier 2021), le CTCPA a animé un atelier sur la place des bioplastiques dans le marché de l’emballage. Les conclusions de cette journée mettent en avant (i) un potentiel à moyen terme de développement d’une filière PLA en France, un ensemble d’éléments convergents (développement d’un site de production gros volume en France, regain d’intérêt pour des matériaux d’emballage faible performance adaptés à des durées de vie courtes, intérêt économique et technique du recyclage du PLA par dépolymérisation), (ii) à plus long terme le potentiel du PEF pour les emballages réemployables* : si les premiers emballages compatibles avec le cahier des charges du réemploi seront en verre ou en métal, les démarches d’écoconception amèneront à envisager des matériaux plus légers, et présentant de hautes barrières aux contaminations chimiques ; (iii) les matériaux biodégradables tels que les mélanges amidon / polyesters souples pourront éventuellement eux aussi, s’inscrire dans les objectifs de réduction via la réutilisation* en tant que sac à déchets végétaux

 

*Note : le « réemploi » s’entend pour un usage identique (cf l’ancienne bouteille consignée est une situation de réemploi) ; la « réutilisation » s’entend possiblement pour une utilisation alternative (cf le pot de yaourt converti en pot à crayon) ; évidemment le réemploi sera généralement préféré car il peut être compatible avec un grand nombre de cycles d’usages successifs


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